Non, l’avenir n’est pas écrit. Nous ne dérivons pas au gré des évènements et des soubresauts d’une rivière d’incertitudes, de complexités et de mutations rapides impossibles à contrôler. Ou pas complétement. L’avenir n’est ni une prophétie ni une simple extrapolation du présent, mais un territoire ouvert, que chacun peut construire en partie.
L’avenir n’est pas prédéterminé
La complexité du réel et la liberté humaine rendent toute prédiction absolue impossible. Qui aurait pu prévoir, il y a quelques années, l’épisode de Covid 19 ou la guerre en Ukraine ? L’avenir, « ce n’est pas ce qui va arriver, c’est ce que nous allons faire (Gaston Bachelard) ».
Contrairement à une vision fataliste ou déterministe, l’avenir n’est donc pas écrit d’avance. Nous ne sommes pas condamnés à suivre un scénario immuable, mais appelés à inventer notre futur par nos choix et nos actions. Certes, il n’émerge pas du néant, il n’est pas une création ex nihilo. Il s’enracine dans le présent, dans les projets des acteurs, les structures sociales, les innovations technologiques et les héritages historiques. Il n’est donc pas une page blanche. Mais il demeure un champ de possibles, où se croisent tendances lourdes, inerties et émergences.
A chacun de nous de l’explorer et de le construire
L’avenir est un territoire à construire. Chacun de nous peut agir, c’est-à-dire exercer sa marge de manœuvre, élaborer un projet, tracer une stratégie. L’histoire montre que les sociétés qui ont su articuler vision et action ont pu infléchir le cours des choses, même face à l’adversité.
Comme le rappelle Talleyrand, « quand il est urgent, c’est déjà trop tard » : attendre l’évidence, c’est souvent perdre la capacité de choisir.
L’histoire sociale et politique montre que l’avenir est le lieu d’affrontement entre acteurs (individus, groupes, institutions) et systèmes (structures économiques, normes, inerties collectives). Comprendre l’avenir, c’est penser cette dialectique, et repérer les points de bascule où l’action individuelle ou collective peut infléchir le cours des choses.
L’avenir n’est pas seulement ce qui arrivera, mais ce que nous désirons qu’il advienne. Sénèque écrivait : « Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va » : sans vision, sans projet, l’action se réduit à l’opportunisme, à la réaction… ou à se condamner à suivre les projets des autres, même quand ils sont délirants.
Les grands changements sont toujours portés par des volontés collectives, capables de transformer un rêve en projet, puis en réalité. Parce qu’on est toujours plus fort ensemble qu’isolé, l’intelligence collective est un merveilleux « outil » pour articuler désir et raison, valeurs et réalités, soumettre le rêve à l’épreuve du possible, sans renoncer à l’ambition de changer le monde. La tâche est alors à la fois simple et complexe. « Complexe », car se transformer est toujours difficile. « Simple », car il suffit de se dire « on y va », et parce que l’énergie du collectif devient toujours une aventure humaine exaltante qui vient à bout de toute difficulté.
Face aux défis inédits de notre temps – crise écologique, révolution numérique, recompositions sociales – la question de l’avenir n’est pas seulement théorique : elle est, comme l’écrivait déjà un philosophe, « question de vie ou de mort ».